Tanzen macht frei

"Tanzen macht frei ", toile 50x70, est mon tableau d’aujourd’hui et raconte l'histoire sombre et douloureuse d'Edith, 16 ans, jeune gymnaste et danseuse, fille de parents hongrois et la cadette de 3 sœurs. En plein dans la seconde guerre mondiale et alors que la loi antijuive entre en vigueur, à l'exception de Klara, sa sœur aînée, violoniste cachée par son professeur, Edith et toute sa famille sont déportées au camp de concentration d'Auschwitz en mai 1944. À leur arrivée, séparés par des rangées, leur père et leur mère sont immédiatement conduits à la chambre à gaz. Lorsque Edith demanda plus tard des nouvelles de sa mère, quelqu'un lui indiqua, en guise de réponse, la fumée qui s'échappait de la chambre à gaz. Elle et sa sœur Magda se tenaient ensemble dans la même rangée. Un officier pose alors une question étrange : "Qui, dans cette rangée, a un quelconque talent ? Effrayée, Edith se tait, mais sa sœur et d'autres filles, sentant que la réponse pourrait les sauver, poussent Edith vers l'avant en disant qu'elle est danseuse ! L'officier exige qu'Edith danse pour lui le soir même dans la caserne des officiers ! En guise de paiement, Edith recevrait un pain qu’elle partagerait avec sa sœur et les autres filles dans le baraquement où elles dormaient. Edith ne le savait pas, mais l'officier en question était Josef Mengele lui-même, connu aujourd'hui comme l'ange de la mort. Pendant qu’elle dansait au son de "blue danube", Edith arrivait à s'abstraire de l'horreur dans laquelle elle vivait et imaginait la caserne comme une scène où, parmi le public, ses parents et son petit ami lui souriaient et applaudissaient. Dans le camp, Edith fait partie de la masse des travailleurs esclaves ; les conditions sont inhumaines, mais elle apprend à ne jamais se plaindre car les malades sont rapidement exterminés. En décembre de la même année, ils sont transférés au camp de Mauthausen où l'horreur se perpétue. Avec la rumeur de l'arrivée des troupes alliées, les nazis évacuent les camps de concentration et forcent Edith, sa sœur Magda et tous les autres à une marche à pied de 55 kilomètres jusqu'au camp de Gunskirchen. Au cours de cette "marche de la mort", Edith a vu la mort omniprésente, des personnes tombant mortes d'épuisement et de faim à côté d'elle, des personnes se tournant vers le cannibalisme pour survivre. Edith prie le ciel de ne pas tomber dans le cannibalisme et commence à manger les herbes qu'elle trouve sur le sol. Son corps et son esprit cèdent à l'épuisement, il arrive que sa sœur Magda et une des filles avec laquelle elle a partagé son pain, le salaire de sa danse, la portent discrètement pour la soulager de sa fatigue, mais Edith n'en peut plus, son corps mortifié cède pour de bon et elle s'effondre. C'est alors qu'arrivent les troupes américaines et russes. Edith, laissée pour morte au milieu de tant d'autres cadavres, fut sauvée par un soldat américain qui, voyant sa main bouger, retourna la chercher. Ce soldat a immédiatement demandé une aide médicale pour Edith, lui sauvant ainsi la vie. C'était en mai 1945, Edith pesait alors 32 kilos, avait la colonne vertébrale fracturée, une fièvre typhoïde, une pneumonie et une pleurésie.

Aujourd'hui, 10 mai 2023, Edith, âgée de 95 ans, encore en vie, vit aux États-Unis. Elle est mère, grand-mère, psychologue et auteur de plusieurs livres. Elle n’a plus jamais dansé. Sa sœur Klara, violoniste de l'orchestre de Sydney (Australie), est décédée en 2007 des suites de la maladie d'Alzheimer. Magda, pianiste, est décédée en 2022 au bel âge de 101 ans.

Parce que la journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste est célébrée le 27 janvier, de nombreuses personnes pensent à tort que la seconde guerre mondiale s'est terminée ce jour-là ! En réalité, l'armistice a eu lieu le 8 mai 1945, ce qui signifie que de nombreuses personnes sont restées piégées pendant encore des mois dans la plus grande horreur que l'humanité ait jamais connue.

A Edith Eva Eger, mon humble hommage